Nous pouvons voir dans la conscience la faculté par laquelle je me réfléchis moi-même : dès lors que je pense, je sais que je pense. Le phénomène optique de la réflexion nous permet, par analogie, de saisir le dédoublement qui s'opère alors entre moi, comme sujet, et moi, comme objet, lorsque je (sujet) me (objet) regarde dans un miroir. Le sujet que je suis se reconnaît dans le reflet que lui renvoie le miroir et il vient contrôler dans ce reflet l'apparence, le visage qu'il présente aux autres. La conscience apparaît alors comme la faculté par laquelle je pourrais me rapporter objectivement à moi-même, et de ce fait prétendre me connaître moi-même.
L'inconscient, tirant sa dénomination même de la privation (préfixe in-) de conscience, se présente alors d'emblée comme ce qui entrave, voire empêche cette entreprise de connaissance de soi, à la manière d'une zone d'ombre qui, au sein même de mon psychisme, échapperait aux lumières de la conscience – tout comme dans le noir je suis incapable de voir mon reflet dans le miroir.
Pour autant, de même que le reflet de mon visage dans le miroir n'est pas mon visage, ne pourrait-on pas suspecter cette connaissance de soi, permise par le dédoublement de la conscience, d'être biaisée, voire illusoire ? Dans ce cas, nous pourrions faire l'hypothèse que l'idée même de transparence à soi par la conscience est un leurre, et que c'est au contraire dans le secret de ce qui échappe à la conscience que se trouverait la vérité de ce que je suis.
Mais alors faut-il chercher à lever le voile, et le peut-on ?
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